vendredi 6 janvier 2012

Balade vs. Ballade



Ca y est ! Après des semaines d’hésitation, de remise en question, de sueurs froides dans l’optique : tu n’y arriveras jamais, « que diable allais-tu faire dans cette galère ? », l’envie de communiquer a été la plus forte et je me lance.

Mon premier post.

Je suis émue.

Cher lecteur, j’aurais adoré te souhaiter les traditionnels vœux de bonne année, mais toi et moi, on ne se connaît pas encore assez pour ce genre de familiarités. Je devrai donc me contenter d’un simple : Bienvenue sur ce blog ! (mais le cœur y est)

J’ai tellement d’idées et de choses à raconter que ce premier post sera… un coup de gueule. Tu vas peut-être te dire : « Ca commence bien ! » et tu auras une envie subite de cliquer sur CTRL+F4 ou Pomme+W. Laisse-moi t'expliquer pourquoi c’est mal :

  1. L’auteur de ce blog – qui n’ose ni parler de bloggeuse en se référant à elle-même, persuadée que ce titre se mérite, et qu’un seul malheureux post est très insuffisant pour se nommer comme telle, ni ne peut se résoudre à utiliser la forme féminine en vogue : l’auteurE, qu’elle qualifie de crime linguistique dissonant  – en serait très peinée.
  2. Quelqu’un de fort sensé a déclaré un jour qu’il faut toujours laisser aux gens une chance de convaincre leurs semblables.
  3. C’est vendredi. Il est temps de lever le nez de Facebook son stress professionnel pour se relaxer l’esprit deux minutes. 
  4. L’auteur de ce blog en serait très peinée. (Redondance, j’en suis consciente et je m’en excuse) 

L’idée de ce premier post m’est venue en lisant le dernier post des Piles Intermédiaires, dans lequel la très talentueuse et très drôle auteure maîtresse des lieux évoque son très profond et très justifié ressentiment vis-à-vis des crimes linguistico-syntaxico-orthographiques (sic) fonctionnant vraisemblablement sur le principe de la multiplication des pains.  

Sur le plan purement linguistique, beaucoup de choses m’exaspèrent. Sur le plan orthographique, j’ai honte de dire que j’ai parfois tojours du mal à rester objective. Et si j’arrive à conserver un soupçon d’indulgence humaniste selon l’état d’esprit du fautif (on peut être le fils spirituel de Bernard Pivot, parfois il arrive qu'un mot ne « rentre pas », on a testé tous les procédés mnémotechniques, on a même tenté l’auto-hypnose et envisagé un exorciste, supervacuāneus ! La faute est inéluctable), il m’est extrêmement difficile de ne pas fantasmer avec nostalgie sur le bon vieux temps face à des réflexions pertinentes comme : l’ortografe sassair a ri1 lol (vécu) voire « Pour quoi faire ? Ma secrétaire se charge de tout » (vécu)


Exemple de raisonnement parfaitement sensé 



Assez discouru ! Une image vaut mieux que des mots! (celle-ci me vaut tous mes maux.) 





Libé








Le Monde






Le Point


Nouvel Obs

Paris Match

Deuxième 



Le Parisien

Champion en nombre d'occurences

Inutile de préciser que ça fonctionne aussi dans le sens inverse. 


musicMe

Lecteur endurant, tu as compati jusqu’ici, je ne te ferai pas l’affront d’un cours de grammaire. Tu as bien assimilé depuis la 6ème que balade et ballade sont des homophones et apprécies de temps à autre une salutaire balade en forêt, tes écouteurs hi-tech régalant tes tympans nostalgiques de la Ballade d’Actarus (tu as le droit d’écouter autre chose, mais hein, bon, c’est pour l’exemple). Le genre féminin s'applique aux deux, donc. Ca, c’est fait.

Par contre, tu ne sais peut-être pas comment on en est arrivés à cette tragédie confusion (quoique tragédie ne serait pas du tout excessif dans ce contexte) 

Villon, s’il revenait : sa ballade n’a jamais aussi bien porté son  nom 

Dans mon odorante Provence natale, on appelait « ballada » une chanson à danser, ce terme n’étant pas sans rappeler le « ballare » italien, qui signifie danser. Voilà donc les ancêtres de notre ballade poétique. Jusque là, rien de transcendant, que du logique, me diras-tu. Mais alors quel est le petit plaisantin qui s’est permis de battre de l’"l" et de nous imposer une balade-promenade qui n’évoque aucunement le besoin d’entamer un menuet sur les sommets du Garlaban ? 

Un petit indice : les transports en commun citadins (non, je ne suis pas encore mûre pour le recyclage).

Explication : dans les rames de notre bon vieux et moins vieux métro, il n’est pas rare alors qu’on essaie de se concentrer sur une traduction échue depuis 27 heures, de se retrouver face à un sympathique joueur d’accordéon qui s’époumone dans l’espoir de recevoir quelques centimes sonnants et trébuchants. La traductrice peu mélomane qu’est l’auteur de ce blog se retouve dans ces cas à maudire l’état de ses finances son côté écologique qui l'a fait renoncer au luxe d’une petite Corsa / Smart / Twingo / 207 (n’importe quoi du moment que ça roule et nous permet d’éviter les pieds-de-grue dans le froid et les accroches plus que douteuses de certains jeunes godelureaux débordant d’outrecuidance). 

Efficace technique de drague: "Ma'moiselle, quand on est à votre caisse on se croit au paradis"

Flashback de 900 ans, les mendiants et jongleurs médiévaux à la recherche de quelques piécettes déambulent au gré des ruelles en chantant des ballades. Ballader a alors le sens de circuler en chantant. Et prend deux "l"... Ou un seul... Et oui, à cette époque où la majorité des fidèles chrétiens n’a pas appris à lire et n’en a pas l’utilité grâce à la politique zéro tolérance de l’Eglise (grâce, tu t'en doutes, est employé dans ce contexte pour exprimer le sarcasme), on se contrefiche un peu des règles de l’orthographe. Heureusement qu’un certain Monsieur Poisson est venu remettre un peu d’ordre dans les esprits. S’il avait eu la bonne idée de naître quelques centenaires plus tôt, baladin aujourd’hui prendrait peut-être les deux « l » qu’il mérite. Quoique… Au XVIème siècle, la 1ère édition du Dictionnaire de l’Académie Française préconise « balladin ». Idem pour Furetière.

Balade en forêt version Amnésia ou Comment oublier à quoi ressemble un arbre.
  
Promis, la prochaine fois, je fais le procès des utilisateurs critiques du terme 
« entamer ». Chers journalistes, si vous voulez bien m'accorder ce minuscule plaisir, ARRÊTEZ DE L’UTILISER A TORT ET A TRAVERS A LA PLACE DE COMMENCER !

T’oh !

4 commentaires:

Les piles intermédiaires a dit…

Clap-clap-clap ! Bravo pour ce démarrage en fanfare :-)

episodic memory a dit…

Merci :) Sans ton formidable coup de gueule, je pense que j'aurais continué à procrastiner. Je ne le dirai jamais assez: merci pour ton blog génial, drôle et instructif <3

Little Cat a dit…

Super mise au point!!! Je suis nulle en orthographe, j'essaye mais c'est plus fort que moi, les doublement de consonnes, les an - en, les s - c enfin c'est parfois à la limite de la dyslexie... La grammaire, ça va parce que c'est logique ou la différence entre "an" et "en" tout de même, mais y a des mots que je suis obligée de vérifier... J'imagine que tes cheveux ont dû se dresser sur ta tête en lisant mon blog o_O ;-)

episodic memory a dit…

Non pas du tout ^^ Je n'ai eu encore l'occasion que de lire Pattes de Chat parce que je t'ai découverte hier soir seulement, et rien du tout ne m'a choquée. Il y a une différence entre faire une faute de temps à autre et tout écrire en phonétique, et puis l'orthographe française... Quand j'aurai le temps de reprendre mon blog activement, il y aura matière à inspiration! Merci de ton commentaire :)